Et, quand il s’éteindra, le vieux Soleil lui-même
Frissonnera d’horreur dans son obscurité,
En l’entendant sortir, comme un adieu suprême,
Des lèvres de l’Humanité.
Louise Ackermann, Poésies Philosophiques
- Citation :
FAITS DIVERS Un jeu d'enfants qui tourne au drame. Un jeune garçon a été retrouvé mort sur le bord d'un trottoir. La cause du décès serait due à une fracture du crâne suite au choc avec le rebord en ciment. Des témoins racontent avoir vu un autre enfant pousser la victime lors d'un jeu à première vue innocent. Ce garçon a pris la fuite. Il portait un masque de loup et n'a pas pu être retrouvé pour l'instant. | |
Impuissant, caché derrière un buisson, le petit garçon observait l'ambulance de l'autre côté de la chaussée. C'était fini. Il l'avait su à la seconde même où la tête de son camarade avait frappé le bord du trottoir. Sa tempe s'était fendue de rouge comme un sourire sanglant. Le dernier d'une série, d'une trop courte vie. Son copain pour ce jour ne se réveillera plus. Comme tous les autres avant lui.
Tout aussi petit qu'il était, derrière lui il ne laissait que la mort car mort de l'intérieur il devenait peu à peu. Sa paire d'yeux noirs déjà bien grands ouverts sur la réalité humaine, son âme charbonneuse se consumait lentement à coups de poignard. L'innocence de l'enfance le quittait comme un oiseau à la cage ouverte. A coups de virilité, il avait bien compris qu'il était condamné. Condamné à se damner pour
lui car il ne s'appartiendrait jamais. Son esprit est à
lui pour l'éternité et son monstre il était contraint de devenir.
Le soir-même, il fut couvert de baisers bleuâtres d'hématomes et de quelques gorgées de sang refroidit par la fureur. Sa fureur à
lui, juste avant qu'il lui fasse l'amour avec haine. Ainsi fut le cadeau de sa sixième année.
« Pourquoi ne puis-je pas avoir d'amis ? Tout le monde en a...
- Ils sont trop fragiles, tu sèmes la mort derrière toi comme une traînée de sang. Tu es un être exceptionnel, tu n'as nullement besoin d'amis. Je suis le seul en qui tu dois avoir confiance car les autres tenteront de te détruire. Promets-moi fidélité éternelle... »
« Par une belle journée ensoleillée au beau milieu de la nuit noire,
Deux garçons morts se levèrent pour se battre.
Dos à dos, ils se firent face sans rien dire,
Ils dégainèrent leurs épées et des coups de feu retentirent. »L'homme n'avait pas réalisé. Ce petit garçon qu'il avait ramassé sur le bord de la chaussée juste en face de chez lui n'était pas ce qu'il croyait. Sans le vouloir, il avait invité le mal à entrer chez lui car il avait eu pitié de ce corps ruisselant de pluie et de sang qui se tenait devant sa porte. En lui ouvrant le battant, il donnait son corps à la mort sans même s'en apercevoir. Tout le monde sait qu'il ne faut pas croire au mensonge du démon ou il dévorera votre âme.
« L'un était aveugle, l'autre ne pouvait voir,
Ils choisirent un muet pour arbitre et faire valoir.
Un aveugle vint guetter de leur bonne foi,
Un muet vint à hurler "hourra". »En le mettant dans sa voiture, il scellait son destin. Plus moyen d'y échapper, maintenant qu'il avait arraché le canif de son bras pour libérer une violence hémorragique qu'il serra d'un drap immaculé. Il le conduisait vers les urgences. C'était urgent, extrêmement urgent. Mais ils n'y arrivèrent jamais.
« Un âne paralysé passait par là
Dans l'oeil de l'aveugle un coup de pied il donna,
Il l'envoya au-delà d'un mur de neuf pouces
Dans un fossé asséché qui les noya tous. »La mort fut son seul salut. Le gosse l'a fait paniquer en poussant un hurlement sauvage puis a tiré sur la ceinture lors de la rencontre avec le chêne. Égorgé net par sa propre ceinture, le choc a fait tomber la tête. Ça aurait pu arriver tout seul à cause d'une ceinture malencontreusement bloquée au mauvais endroit.
Un peu étourdi, l'enfant a rassemblé ses forces pour descendre de la voiture après un dernier regard sur cette tragédie macabre.
« Un policier sourd les entendit crier fort,
Il se précipita et tua les deux garçons morts.
Si par hasard à cette histoire tu n'as pas cru
File demander à l'aveugle car lui a tout vu. »Le petit brun longea le bord de la route en se tenant la plaie et boitillant légèrement. Il faisait vraiment froid ce soir là, la pluie ne cessait de tomber comme de nombreuses aiguilles sur une peau endolorie par la chair de poule. Ses blessures guériraient vite, comme à l'accoutumée. Il attendit sagement que son oncle vienne le chercher et le récompense pour avoir accompli sa mission. Il s'excuserait même de l'avoir esquinté, juste pour la mise en scène.
Sur un bateau, il y a un capitaine et deux matelots. Le capitaine a été décapité et les deux matelots ont eu la tête coupée. Il n'y a qu'un mort. Qui ? Et pourquoi ?