L’immense portail noir s’ouvrit dans un grincement effrayant sur le vieux bâtiment. Le silence était total. L’allée était parfaitement droite, comme si elle avait jadis été destinée à être occupée par quelques-uns des derniers rails sur lesquels de longs trains noirs, semblables à Charon conduisant les morts aux Enfers, s’arrêtaient, déversant chaque jour des centaines de personnes qui ne ressortiraient jamais d’ici. L’impression était là, bien que personne n’osait la déclarer à haute voix. Aucun d’entre eux n’allait jamais repasser cette grille vivants. Le large chemin était bordé par deux gigantesques pavés - d’herbe, probablement -, entièrement recouverts par une épaisse couche de neige qui étouffait le moindre bruit. L’épais mur, surmonté par des barbelés et qui se découvrait derrière des arbres sans feuilles, entourait toute la propriété. Il était impossible de sortir autrement qu’en passant par le portail de fer forgé. Encore fallait-il pouvoir aller quelque part, et savoir comment se repérer au milieu des gigantesques plaines. On se serait cru, sans aucun mal, dans un de ces anciens et terribles camps de la Seconde Guerre Mondiale.
Il était clair que passer par la Kliniczny Sniesgowski, perdue quelque part au centre de la Pologne, était loin d’être l’un des meilleurs passages que la vie pouvait offrir. On conte que, le peu de personne ayant réussi à en sortir n’étaient plus les mêmes. Plus … Dociles. Méthode miracle, ou résultat de lavages de cerveau successifs et intensifs ? Comme si cette imposante clinique psychiatrique allait dévoiler ses secrets …